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L’énorme bâtisse de 4.000 m2, à deux pas de la gare Saint-Charles, dans le quartier Velten, a des airs de fourmilière, à quelques jours de son inauguration officielle. Des ouvriers entrent et sortent, de grandes planches sur les épaules, croisant des résidents, d’ex-SDF, de startuppers, ou de simples curieux. « C’est la dynamique du lieu qui nous a plu, considérer que tout le monde a sa place dans un quartier« , explique Elise Giordano, jeune architecte dont la Scop, Aïno, loue un local à « Coco » depuis janvier. Dans un bureau voisin, des chercheurs sur le climat attendent avec impatience d’animer un goûter-débat sur le changement climatique avec les résidents de l’immeuble.
Au même étage, Yassine prend son café. Le jeune Marocain vivait « entre la rue, chez des amis et un squat » jusqu’à ce que « Coco Velten » lui ouvre ses portes. Rien à voir avec les centres d’hébergement d’urgence qu’il a connus jusque-là. Ici, les résidents ont leur badge pour accéder à l’immeuble, leur clé, leur boîte aux lettres. Et surtout ils restent autant de temps qu’ils veulent.
À l’origine de l’initiative, un appel à projet de l’État, qui finance un laboratoire d’innovation publique, le « lab zéro », comme « zéro SDF ». Une expérience en miroir avec celle des « Grands voisins » à Paris. À Velten, la cuisine, les sanitaires et le salon sont communs et les chambres meublées sommairement: deux lits garnis, des placards en métal, des tables et chaises en plastique. « On n’a pas refait les peintures car on doit parer au plus pressé, l’Etat ne nous prête le bâtiment que pour trois ans« , rappelle Erick-Noël Damagnez, responsable du projet social.
« Parcours fluide »
« C’est un palais!« , s’émerveille Yassine. « Je suis chez moi! J’ai mes affaires, mon frigo« . Lui qui a connu « bien des galères« , trouve surtout du réconfort dans l’équipe du groupe SOS qui l’accueille. « Ils sont autour de moi, ils m’aident, ça fait du bien d’avoir quelqu’un qui pense à toi« , dit-il dans un français hésitant. Alors que la trêve hivernale s’est achevée le 31 mars, ce qui entraîne de nombreuses expulsions, « Coco Velten » reçoit chaque jour une nouvelle personne. Avec une priorité pour les « premières mises à la rue », explique Erick-Noël Damagnez, des personnes qui n’ont pas encore ou très peu connu la rue et demandent pour la première fois un hébergement.
Son credo: « proposer un parcours fluide de la rue vers le logement durable, qui ne soit plus un parcours du combattant« . À la sortie, le groupe SOS espère pouvoir proposer à la location 60 logements accompagnés en ville. La démarche est aussi expérimentale, comme l’explique M. Damagnez: « on va analyser ce qui se passe dès qu’une personne est mise à la rue si on lui propose un toit« . A Marseille, assure-t-il, « on pourrait loger tous les gens à la rue (ndlr : 14.000 selon un rapport publié par la préfecture) dans des bâtiments publics vides« .
Au-delà du toit offert aux SDF, « Coco Velten » s’inscrit dans un lieu, dans un quartier. « Ce n’est pas une énième structure d’urgence en périphérie« , décrit Sophia Daoud, coordinatrice Yes We Camp, une association « d’occupation urbaine », missionnée pour l’animation du lieu. « Nous voulons aussi incuber des projets qui n’auraient pas vu le jour sans +Coco+« , explique Sophia Daoud, « comme la cuisine du restaurant qui sera confiée à un groupe d’émigrés vénézuéliens qui n’avait pas les moyens d’ouvrir un établissement« .
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