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Le métier de trader a beaucoup évolué. Le temps où les opérateurs financiers passaient leurs ordres à la criée dans les salles de marché est révolu. Des traders, « il n’en reste quasiment plus à Wall Street, qui s’apparente désormais à une coquille vide dans laquelle errent quelques journalistes », selon Mathieu Rosenbaum.
Ce professeur de mathématiques appliquées à la prestigieuse Ecole polytechnique, responsable du master « Probabilités et Finance », estime que le métier a connu trois révolutions depuis les années 90:
- Une révolution quantitative;
- Un phénomène d’électronisation des échanges;
- Une fragmentation des marchés.
Le métier s’est notamment professionnalisé avec le recours à l’analyse quantitative, qui applique des modèles mathématiques pour évaluer la valeur des actifs financiers et de leurs dérivés. « Auparavant, dans les années 90, on étudiait plus les comportements des entreprises, en faisant de l’analyse financière des sociétés. Et c’était plus du feeling », ajoute Mathieu Rosenbaum.
Aujourd’hui, tout est informatisé, « notamment pour ce qui de la gestion des risques ». Cela n’a toutefois pas empêché la crise financière de 2008.
L’électronisation favorise quant à elle un plus grand volume d’échanges des titres financiers. Elle a aussi vidé les salles de marchés. « Il n’y a plus personne à la Bourse de Paris, tout se fait par des algorithmes qui envoient des ordres, programmés par des ingénieurs ».
Ceux-ci représenteraient un double intérêt pour les banques d’investissement dans l’optique de réduire leurs dépenses, souligne un article des Echos: les ingénieurs peuvent gérer les systèmes en étant moins nombreux mais aussi moins coûteux, avec des rémunérations bien inférieures à celles des traders.
Enfin, le monde du trading a fait face à un phénomène de fragmentation des marchés, avec aujourd’hui « un choix multiple de plateformes pour acheter des actions », souligne Mathieu Rosenbaum. Il est par exemple possible d’acquérir des titres Renault à la Bourse de Paris, mais aussi sur d’autres marchés, comme les Bourses de Francfort et de Zurich.
Cette fragmentation entre plusieurs lieux de négociations peut créer des soucis de liquidité et compliquer la régulation.
Evolution de la formation en conséquence
Pour préparer les étudiants aux évolutions du métier et des marchés, l’Ecole Polytechnique s’attache à enseigner une stratégie plus globale de la gestion des risques financiers.
« On veut former des mathématiciens pour les marchés. Les maths, l’informatique et les statistiques sont très importants pour gérer les risques. Il y a une évolution de la formation en fonction des nouvelles connaissances, avec beaucoup de data science aujourd’hui et l’intelligence artificielle », détaille Mathieu Rosenbaum.
« On avait des cours de programmation, en lien avec l’automatisation des marchés financiers », se souvient Pamela Saliba, qui faisait partie des rares filles à suivre les cours du master il y a trois ans et qui réalise à présent une thèse. « On nous a appris des modèles de calculs financiers, avec une vision globale des produits et des dérivés existants ».
Des aspirations différentes
Mathieu Rosenbaum note une évolution des aspirations des étudiants. « Avant, Société Générale et Goldman Sachs faisaient rêver. Aujourd’hui, les étudiants sont plus attirés par les hedge funds (fonds d’investissement spéculatifs, ndlr), comme CFM, que par les banques d’investissement classiques ».
Selon lui, les hedge funds renvoient « une image plus startup que JP Morgan » et « font un peu plus ambiance Google ou Amazon ».
La crise financière a certainement modifié les perceptions. Et elle a eu un impact direct en termes d’emplois dans le secteur et pour les traders. « Les débouchés ont beaucoup diminué en 2009, 2010 et 2011. Depuis quelques années, ils sont revenus. Moins d’étudiants qu’avant font de la finance, mais à un niveau qui me semble plus raisonnable. »
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