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La Banque de France a publié son rapport semestriel évaluant les risques qui pèsent sur le système financier français, lundi 17 décembre. L’institution anticipe dans l’Hexagone une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,5% sur l’ensemble de l’année 2018, puis de 1,6% en 2019 et 2020. Des prévisions inférieures à la croissance attendue en zone euro (1,9% en 2018, puis 1,7% en 2019 et 2020).
Sans se montrer alarmiste, la Banque de France identifie plusieurs facteurs d’incertitude qui se combinent et pourraient entraîner des effets négatifs sur l’activité en France.
Elle cite par exemple la politique protectionniste du président américain Donald Trump, les vulnérabilités structurelles de certains pays émergents comme l’Argentine, le Brésil et la Turquie, ainsi que l’épineux dossier du Brexit.
Mais l’institution bicentenaire pointe surtout quatre risques principaux pour le système financier français. Les voici:
De nouvelles corrections sur les marchés financiers
Dans un contexte de taux bas et d’appétence pour le risque des investisseurs, les valorisations sur les places boursières restent élevées, « en dépit des épisodes de correction récents ayant provoqué un retour de la volatilité, notamment en lien avec la résurgence du risque politique », estime la Banque de France.
La confiance des investisseurs pourrait être affectée par plusieurs facteurs, à savoir la politique économique des Etats-Unis, le Brexit, les difficultés de certains pays émergents, mais aussi la situation en Italie, dont le gouvernement prévoit un déficit budgétaire de 2,04% l’an prochain alors que la dette du pays dépasse déjà 130% du PIB.
De plus, « l’interconnexion croissante entre les marchés financiers au niveau global pourrait être une source de vulnérabilité pour le système français », souligne la Banque de France. Si l’indice CAC 40 de la Bourse de Paris peut subir des chocs étrangers, provenant d’économies avancées, il se révèle en revanche « résilient aux chocs en provenance des pays émergents ».
Une fragmentation du marché des dettes souveraines en Europe, rendant beaucoup plus onéreux les emprunts de certains Etats
Dans un contexte de taux d’intérêt qui demeurent historiquement bas, l’écartement des primes de risque pourrait s’accentuer, en particulier sur le marché des dettes souveraines en euros, estime la Banque de France.
L’Italie figure parmi les premiers pays concernés. La Péninsule a enregistré un bond du rendement de ses obligations souveraines, contraignant l’Etat à emprunter de l’argent plus cher sur le marché. L’accord trouvé cette semaine entre le gouvernement italien et la Commission européenne sur le déficit budgétaire du pays en 2019 a néanmoins fait retomber la pression et les taux.
L’écart (le « spread ») entre les taux d’intérêt des emprunts d’Etat italiens et allemands s’était fortement accru, mais n’a « pour l’instant pas entraîné de contagion notable à d’autres pays de la zone euro », constate la Banque de France. Elle souligne en revanche qu’il pourrait « affecter les conditions de financement des agents privés italiens », à commencer par les banques du pays très exposées à la dette italienne.
« Cette évolution fait craindre une résurgence de la boucle ‘risque souverain — risque bancaire’ et des taux d’intérêt plus élevés pour le secteur privé », conclut l’institution.
L’endettement du secteur privé, qui augmente particulièrement dans l’Hexagone
Le risque lié à l’endettement du secteur privé non financier est jugé « élevé » par la Banque de France, qui l’assortit d’une perspective de hausse pour les six prochains mois. Les taux d’endettement des sociétés non-financière (SNF) et des ménages français continuent d’augmenter — à l’inverse de l’évolution observée dans les autres pays européens — pour atteindre au total 132,2% du PIB au deuxième trimestre 2018.
La Banque de France souligne que cette dynamique entraîne des risques de liquidité et de défaut de paiement.
Les sociétés non-financières « sont d’autant plus vulnérables à une dégradation soudaine de l’environnement macroéconomique ou à une hausse importante des taux d’intérêt qu’une large part de leur encours de dette (44%) est à taux variable », précise l’institution.
Concernant les ménages, leur endettement est à mettre en parallèle avec la forte progression du crédit à la consommation, qui a augmenté de 6,6% sur un an à fin octobre 2018, ainsi que la hausse continue du crédit immobilier, (+5,9% sur la même période). Heureusement, les prêts immobiliers sont en grande majorité à taux fixe et assortis d’une garantie. En revanche, une tendance à l’assouplissement des critères d’octroi « appelle à la vigilance des autorités ».
Les évolutions structurelles du secteur financier, qui pèsent sur les profits des banques
La quatrième risque pointé par la Banque de France porte sur les changements structurels affectant le secteur financier. La maîtrise des coûts est ardue dans un contexte de taux bas qui pèsent les revenus des banques, notamment celles de détail, et des organismes d’assurances.
Ces établissements voient leurs frais augmenter, avec les plans de transformation et d’investissement qu’ils déploient dans les nouvelles technologies pour s’adapter aux évolutions de la société et à la concurrence.
Le secteur financier traditionnel doit effectivement faire face à l’émergence de nombreux nouveaux acteurs, à la pointe de la technologie, comme les fintech et les néo-banques.
La Banque de France évoque par ailleurs les coûts réglementaires et de mise en conformité, ainsi que les risques juridiques et de litiges. Société Générale doit par exemple verser une amende de 1,3 milliard de dollars aux autorités américaines, dans une affaire de violation d’embargos.
Tous ces facteurs font néanmoins peser un risque jugé « modéré » sur le secteur bancaire. Dans le cadre des « stress tests » réalisés par l’Autorité bancaire européenne, les banques françaises ont en effet montré qu’elles résisteraient bien en cas de scénario catastrophe sur le plan macroéconomique et financier. Leurs ratios de fonds propres enregistreraient toutefois un recul plus marqué que la moyenne européenne.
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