[ad_1]
Si Pékin a toujours éprouvé une immense méfiance à l’égard d’Internet, estimant qu’il s’agit d’un outil pouvant mettre à mal son autorité, le régime communiste au pouvoir voit désormais dans le numérique une opportunité pour servir sa cause. Pendant que les géants américains, comme Google, Facebook et Twitter, peinent à pénétrer le marché chinois en raison de la censure d’Internet, les autorités chinoises s’en donnent à coeur joie en multipliant les initiatives technologiques dans l’Empire du Milieu pour contrôler la population et répandre «la bonne parole» du régime au pouvoir à travers tout le pays.
Après SenseTime, qui développe une technologie de reconnaissance faciale permettant à la police chinoise de traquer les moindres faits et gestes des citoyens dans la rue, Pékin a franchi une nouvelle étape en janvier en lançant l’application «Xuexi Qiangguo». Selon des sources proches du dossier citées par Reuters, celle-ci aurait été développée par le géant chinois Alibaba via une division baptisée «Y Projects Business Unit». Pour rappel, Jack Ma, l’emblématique fondateur d’Alibaba, est membre du Parti communiste chinois. A la signification équivoque, «Étudier le pays puissant» en chinois, cette nouvelle application vise à aider les cadres du Parti communiste chinois à s’imprégner de la doctrine politique initiée par le président chinois Xi Jinping. Officiellement baptisée «la pensée de Xi Jinping sur le socialisme avec des caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère», cette théorie politique a été présentée par le président chinois à l’occasion du Congrès du Parti communiste chinois en 2017.
Une application obligatoire pour les cadres du Parti communiste chinois
Désormais inscrite dans la charte du Parti communiste chinois aux côtés de la pensée de Mao Zedong et de la théorie de Deng Xiaoping, cette doctrine politique dresse une feuille de route pour les 30 prochaines années de la Chine afin d’en faire un «pays socialiste moderne, prospère et puissant» guidé par le Parti communiste chinois, «colonne vertébrale de la nation» qui doit «rester éternellement le noyau dirigeants de la Chine». Et pour promouvoir la pensée de son leader, quoi de mieux qu’une application spécialement dédiée.
Xuexi Qiangguo sert ainsi de plateforme d’agrégation d’informations pour des articles, des clips vidéo et documentaires louant la philosophie politique de Xi Jinping. Destinée à tous les cadres du Parti communiste chinois, l’application exige des utilisateurs qu’ils s’inscrivent avec leur numéro de téléphone et leur vrai nom. En fonction de leur utilisation sur l’application, ils récoltent des «points d’apprentissage». Avec ce dispositif, Pékin peut surveiller l’utilisation de l’application, qui est obligatoire pour tous les cadres du Parti communiste chinois. Ces derniers sont donc contraints d’utiliser l’application tous les jours et d’accumuler des points pour montrer leur loyauté et leur dévouement à Xi Jinping.
Vers un «WeChat» pro-Pékin
A peine plus d’un mois après son lancement, Xuexi Qiangguo est désormais l’application la plus téléchargée en Chine, selon le South China Morning Post, devant WeChat, qui compte pourtant plus d’un milliard d’utilisateurs actifs mensuels. Cette nouvelle application est amenée à devenir un outil proposant une gamme de services, dans la même veine que WeChat mais avec une orientation politique flagrante. Xuexi Qiangguo permet d’ores et déjà à ses utilisateurs de s’échanger des messages, qui disparaissent automatiquement après avoir été lus, comme sur Snapchat, d’envoyer des enveloppes rouges, qui permettent de faire un don d’argent à l’occasion du Nouvel An chinois comme le veut la tradition, via la solution de paiement mobile Alipay, ou encore de faire des appel en visioconférence. Une fonctionnalité permettant aux utilisateurs d’échanger leurs «points d’apprentissage» contre des cadeaux doit également être lancée.
La Chine abritant la plus grande population Internet et constituant le plus grand marché de smartphones dans le monde, la force de frappe d’une application comme Xuexi Qiangguo est conséquente et témoigne des possibilités qui s’offrent à Pékin pour mettre le numérique à son service. Au cours de ces dernières années, le Parti communiste chinois a multiplié les initiatives pour séduire les jeunes Chinois. Chansons de rap, bandes dessinées, autocollants WeChat, émissions télévisées ou encore séries pour éduquer la population chinoise à la doctrine politique de Xi Jinping, le pouvoir en place n’a pas manqué d’imagination pour sa propagande. Cependant, l’utilisation croissante de Xuexi Qiangguo est en passe de faire de cette application son outil de propagande le plus redoutable.
[ad_2]
Yalayolo Magazine