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Le 27 février dernier, au Musée de l’Homme de Paris, Google Arts & Culture a présenté en grande pompe le lancement de sa nouvelle exposition numérique – « Chauvet : à l’aube de l’art. » Elle s’accompagne de deux reconstitutions en réalités virtuelle et augmentée, que le Journal du Geek a pu tester.
Aujourd’hui, la préhistoire française s’invite dans toute sorte de réalité, grâce à Google ! En 1994, un spéléologue amateur s’infiltrait dans les cavités rocheuses du Pont d’Arc, une structure géologique d’Ardèche. Par pur hasard (ou sérendipité, pour les plus scientifiques), il tombe littéralement sur une grotte pas comme les autres : elle est ornée de nombreuses peintures rupestres, laissées intactes 36 000 ans après leur création par des Homo sapiens du milieu du Paléolithique. Renommée la Grotte Chauvet en hommage à celui qui l’a découverte, elle est rapidement devenue une attraction pour les touristes de la région. A l’instar de la Grotte de Lascaux, elle n’est désormais plus ouverte au public. Une reproduction locale, Chauvet 2, accueille les visiteurs à la place. Si les dessins d’aurochs et de rhinocéros laineux restent fidèles, la sensation n’est pas comparable à celle de contempler de l’art pariétal réel. Ainsi, pour tenter de se rapprocher de cette réalité, le département ardéchois a fait appel à une entité loin d’être préhistorique – Google Arts et Culture.
Fondée en 2011, cette division de la firme de Mountain View a pour objectif de rendre possible l’accès à l’art, gratuitement sur le web, à un public dans l’impossibilité de le découvrir par eux-mêmes physiquement pour diverses raisons. Si elle n’est pas destinée à supplanter Wikipédia dans son aspect encyclopédique, son modus operandi est d’offrir de véritables expositions en ligne de la manière la plus exhaustive possible : galerie d’images et de photos, vidéos en 3D, mini-jeux, quiz, etc. Après deux ans de travail, Google Arts et Culture a présenté sa propre exposition numérique de la Grotte Chauvet, « Chauvet : à l’aube de l’art », lors d’une présentation au Musée de l’Homme, le 27 février 2020, à Paris. Elle constitue la première œuvre d’art pariétal et le premier objet culturel préhistorique de son catalogue. Celui-ci s’étend sur « plus de 1 200 archives de 78 pays, dont celles de 100 institutions françaises » selon Amit Soot, directeur international de Google Arts & Culture. D’après ce dernier, cette exposition numérique comporterait « plus d’une année de lecture, en termes de contenus ». Pour Pascal Terrasse, président du Syndicat Mixte de la Grotte Chauvet, elle constitue une « liaison entre deux mondes : le ‘street art’ des hommes des cavernes et les technologies numériques et virtuelles actuelles ».
Expérience chamanique en VR
Hormis la myriade de documents de vulgarisation scientifiques textuels de l’exposition numérique, cette dernière s’accompagne de deux attractions principales en réalité mixte. La première, intitulée « The Dawn of Art », est un film en réalité virtuelle d’une dizaine de minutes qui place le spectateur/joueur dans la peau d’un Homo sapiens visitant l’intérieur de la Grotte Chauvet. Le Journal du Geek a eu l’occasion de le tester avec un casque Oculus Quest et en compagnie de l’un des développeurs de Google Arts & Culture. Mené au son de la voix de l’actrice Cécile de France (ou Daisy Ridley, pour les anglophones), le spectateur-joueur immobile passe de tableau en tableau. Il découvre d’abord l’extérieur de la grotte, autour d’un feu de camp préhistorique. Puis, une fois à l’intérieur et après une brève rencontre avec un ours, il peut observer les parois rocheuses peintes d’animaux à sa guise. Torche en main, l’utilisateur peut s’approcher légèrement des parois et ainsi accentuer la luminosité dans un rendu assez impressionnant et, mine de rien, immersif. Les parois de la grotte ont été reconstituées, en images générées par ordinateur, « par l’analyse de nombreuses données photographiques et de relief, en nuages de points, partagées par des scientifiques spécialistes de la grotte » nous confie Sixtine Fabre, responsable France & Espagne pour Google Arts & Culture. L’expérience est entrecoupée de visions bestiales psychédéliques, proches du chamanisme qui laissent rêveur. « Some magic », comme le disait Amit Soot, ne fait jamais de mal. Elle est disponible en version 3D sur YouTube (ou accessible depuis une simple recherche “grotte chauvet” sur le navigateur Google) ainsi que sur Google Arts & Culture et, toujours gratuitement, sur Steam, en version VR.
La seconde attraction se retrouve sur l’application Google Arts & Culture, pour smartphones sous Android ou iOS, pour ceux qui ne possède pas de casque VR. Si votre téléphone est compatible avec la réalité augmentée, cette application vous donne accès à de nombreuses fonctionnalités plus divertissantes qu’éducatives. Le mode « Art Selfie » permet, par exemple, de modifier son portrait en fonction du style d’un peintre historique. Grâce à l’option de réalité augmentée « Pocket Gallery », l’utilisateur peut choisir parmi une brève liste de lieux culturels archéologiques d’en projeter un devant lui et de s’y balader, smartphone en main. Dans le cas de la Grotte Chauvet, la reconstitution sur l’app est plus fidèle qu’en VR grâce à une reproduction véritablement photo-réaliste. Par endroit, quelques points d’information sont disponibles pour en savoir plus sur telle ou telle peinture, comme dans une véritable exposition muséale. Grâce à ses attractions immersives, Google Arts & Culture suscite « davantage d’émotions » qu’un Wikipédia pour permettre « même aux personnes, a priori, pas intéressées de s’imprégner d’art et de savoir ».
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