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Insurtech France est une association loi 1901, créée fin 2020 et qui fédère les acteurs de l’Insurtech pour accompagner la transformation de l’assurance au service des clients. Pierre Bonodot, trésorier de l’organisation, a accepté de nous en dire plus sur l’état de maturité de l’innovation dans les assurances.
Vous êtes trésorier d’Insurtech France, quelles sont ses missions ?
Pierre Bonodot : Nous fonctionnons en écosystèmes, avec les start-ups, des assureurs et courtiers établis, des prestataires de services, des incubateurs, studios, accélérateurs et investisseurs notamment. Nous avons près de 200 membres aujourd’hui.
Nos valeurs communes sont la transparence, l’innovation et la simplicité. Concrètement, l’association est un espace d’échange privilégié entre acteurs qui partagent des problématiques communes, au travers de groupes de travail, comme le développement à l’international.
Est-ce que la prise de risque en matière d’innovation est nécessaire pour le secteur des assurances ?
L’assurance, en gérant l’incertitude et en couvrant les risques des particuliers, des professionnels et des entreprises, est l’un des moteurs clés de la croissance. Elle accompagne toujours les transformations de l’économie.
Les innovations concernent l’ensemble de sa chaîne de valeur, pas seulement la distribution de produits et services, mais également les parcours clients, la gestion des sinistres ou les processus en interne. Les exemples concrets, fondés sur des cas d’usage, sont nombreux. Il peut s’agit de développer de meilleures solutions de vérification d’identité pour les clients via la blockchain, de repérage des fraudes via l’IA ou encore d’optimisation de processus financiers via les data.
Tous les secteurs de l’assurance sont désormais concernés. Sur les grands risques, par exemple, l’intensification de l’exploitation du big data permet de développer des nouvelles approches et solutions de scoring, de modélisation et d’estimation des risques, pour le pilotage par les clients risk managers mais également pour améliorer la tarification et la prise en charge de dommages.
On voit de plus en plus se développer des écosystèmes de partenaires, assureurs, courtiers, réassureurs, start-ups entre autres. L’objectif est de construire et de délivrer des offres et des services tirant partie des forces de chaque membre d’un écosystème. Il y a beaucoup de pragmatisme dans les approches. Elles se fondent d’abord sur l’utilité et l’appétence des acteurs. Les enjeux clés se situent alors sur le partage et la protection des données, des services et des processus et sur le partage de la valeur et de la connaissance client entre les acteurs.
Il y a enfin le développement de l’assurance paramétrique, aujourd’hui essentiellement sur les risques climatiques et agricoles. C’est une approche renouvelée de l’assurance, avec une exploitation systématique de données internes et externes et une automatisation des processus de tarification et de gestion.
Où en sont les assureurs dans leur transformation depuis le tournant de l’open insurance ?
Le terme open insurance est utilisé depuis plusieurs années déjà mais on voit effectivement une nette accélération et un enrichissement de l’écosystème depuis l’année dernière. Pour moi, le phénomène de l’open insurance correspond d’abord au principe même d’ouverture, de partage de ressources sur le marché des assurances. C’est aussi, comme nous l’avons vu plus haut, la constitution d’écosystèmes de plus en plus riches, avec des acteurs de tailles, de maturités et de natures différentes et des standards en termes d’outils et de processus qui se généralisent.
L’accélération se voit non seulement sur le développement de partenariats et d’écosystèmes de plus en plus nombreux mais aussi sur le développement de partenariats de plus en plus sophistiqués, impliquant plus de 2 acteurs et sur le développement de modèles de plateformisation où l’assurance fait partie d’une palette de services plus large. L’accélération se voit enfin sur la régularité des livraisons opérationnelles des écosystèmes. On est désormais sur des approches industrielles.
Côté plateformisation, il existe deux grandes tendances : soit l’assureur se place au centre de la relation client et enrichit son offre d’apports extérieurs, soit il intègre des écosystèmes plus larges, via de l’embedded insurance par exemple. Ces tendances concernent tous les acteurs de l’assurance, qu’il s’agisse de jeunes pousses ou d’acteurs plus établis.
Pour rendre l’assurance d’autant plus pertinente dans l’évaluation des risques, a-t-elle besoin de plus d’interopérabilité ou de partage des données ?
Il faut d’abord tenir compte du cadre réglementaire pour les acteurs de l’assurance, qu’il s’agisse de la protection des données personnelles ou encore des obligations de collecte et de traitement des informations clients. Il s’agit ensuite non seulement d’organiser le partage des données entre partenaires mais au-delà, d’intégrer « by design » la dimension data dans tous les projets de transformation, en interne comme en externe, de déterminer le niveau de détails de ces données, les règles de stockage et d’exploitation.
Des écosystèmes se construisent aujourd’hui sur des principes d’échanges de données anonymisées, sur les grands risques ou dans le cadre de données de santé par exemple. D’autres modèles choisissent d’utiliser les données publiques externes et de parier sur la pertinence et l’évolutivité des algorithmes qu’ils développent. Des standards émergent enfin sur le marché, dans l’utilisation de la blockchain ou des API par exemple.
Estimez-vous que nous sommes toujours dans une situation de concurrence classique entre acteurs traditionnels et nouveaux ?
Au sein d’Insurtech France, je ne vois pas cette opposition entre deux visions de l’assurance. Je vois plutôt un enrichissement du secteur via le développement des écosystèmes que nous évoquions plus haut. Je vois des acteurs qui arrivent sur le secteur de l’assurance, en provenance d’autres secteurs de la tech, comme la mobilité, la santé ou la lutte contre le changement climatique et qui cherchent des solutions d’assurance à construire avec des acteurs du secteur.
De nombreuses Insurtech se sont spécialisées sur des processus très spécifiques de l’assurance et travaillent en étroite collaboration avec les assureurs, comme en assurance vie par exemple. Le sujet de la méfiance réciproque est maintenant dépassé. Les start-up sont là pour proposer de nouveaux services avec des approches différentes et sur des niches assez précises. La complémentarité se joue à tous les points de vue.
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