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GettyImages-110983707 | FRANCE – FEBRUARY 06: Bernard Arnault, CEO of LVMH presents record results for 2007 in Paris, France on February 06th, 2008 – Bernard Arnault, Chaiman and CEO of LVMH. (Photo by Thomas SAMSON/Gamma-Rapho via Getty Images)
La remarquable santé du leader mondial du luxe montre qu’une gouvernance inspirée est celle qui respecte les fondamentaux industriels en s’appuyant sur une vision stratégique et sociétale de long terme.
Par Noël Labelle. Consultant expert en information économique, il a été rédacteur en chef de la publication économique et financière suisse, Agefi Magazine.
C’est fait ! Après plus d’un an de rebondissements, le groupe français LVMH vient de finaliser le rachat du mythique joaillier new-yorkais Tiffany. Un mariage prestigieux, la consécration d’une politique industrielle expansionniste et, en passant, un joli pied-de-nez à ceux qui ne cessent de dénoncer la guerre commerciale entre l’Europe et les États-Unis.
Pour le président du groupe, Bernard Arnault, l’année 2021 débute dans la continuité de la précédente. Le 30 novembre dernier, il avait été nommé “manager de la décennie” par la chaîne d’information économique BFM Business, quelques jours à peine après que la capitalisation boursière de LVMH a atteint 250 milliards d’euros à la Bourse de Paris, dépassant le record historique de France Telecom en 2000. Amené à expliquer la forme insolente de son groupe en cette période de crise, l’homme d’affaires s’est contenté d’énumérer quelques arguments de taille : le poids du groupe, la diversité des activités, la répartition géographique globale ou encore la gestion familiale. Quand le succès est écrasant, pas besoin d’en rajouter.
Cette attitude est d’ailleurs conforme aux attentes des investisseurs sérieux. Pour eux, les chiffres, aussi impressionnants soient-ils, ne signifient rien si la puissance n’est pas réelle. En langage financier, cela se traduit par un intérêt relatif pour la capitalisation boursière, considérée comme un simple indicateur, jamais comme un objectif.
Or, le record de LVMH n’est qu’une conséquence. La conséquence d’une gouvernance ancrée dans les réalités industrielles, correspondant peu au glamour porté par les marques du groupe. Par exemple, l’automatisation des activités chez Louis Vuitton a non seulement assuré une constance de qualité, mais elle a également permis à l’entreprise de s’agrandir et de se réduire en fonction des conditions de la demande sur le marché. Cette marque dispose également d’une base solide de fournisseurs fiables de matières premières, ce qui lui permet de surmonter les éventuels goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement. Et elle dispose d’une main-d’œuvre hautement qualifiée grâce à des programmes de formation et d’apprentissage réussis.
Ainsi, le groupe consolide inlassablement les fondations sur lesquelles son dirigeant érige un futur qu’il voit toujours plus grand. LVMH génère un rendement croissant des dépenses d’investissement en créant de nouvelles sources de revenus. L’intégration d’entreprises complémentaires par le biais de fusions et d’acquisitions lui est régulièrement fructueuse. Le groupe a intégré avec succès un certain nombre d’entreprises technologiques au cours des dernières années afin de rationaliser ses opérations et de mettre en place une chaîne d’approvisionnement fiable. Enfin, au fil des ans, LVMH a investi dans la constitution d’un portefeuille de marques fortes. Stratégie judicieuse pour une organisation souhaitant se développer dans de nouvelles catégories de produits.
Mieux encore ! En 2020, le groupe a prouvé son utilité à ceux qui en doutaient. On savait que LVMH faisait partie des premiers employeurs de France et des premiers contributeurs fiscaux concernant l’impôt sur les sociétés avec 1,4 milliard d’euros versés au fisc en 2019. On a vu, avec la crise sanitaire, qu’il était capable de mettre en place un couloir aérien entre la France et la Chine pour faire acheminer des masques, qu’il peut reconvertir dans l’urgence des unités de production pour fabriquer du gel hydro-alcoolique en quantité industrielle ou qu’il peut financer des hôpitaux et la recherche médicale. Cette efficacité a été saluée par tous.
Il y a encore peu, certaines plumes dans les médias décrivaient volontiers Bernard Arnault comme un chef d’entreprise froid et distant. Au point d’en faire le visage d’un capitalisme prédateur. Aujourd’hui, il a su prouver l’utilité sociale de son entreprise, démontrant par là qu’il a su développer une vision stratégique sur le long terme.
Tribune écrite par Noel Labelle, consultant expert en information économique
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