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Mise à jour d’un article initialement paru le 16 juillet 2020
C’est un jeu qui cristallise les passions aussi bien des footeux, des cryptos-evangelists et des habitués des jeux de cartes à collectionner. Difficile d’imaginer comment ces trois univers, très différents, peuvent se rencontrer et pourtant, Sorare l’a fait. Lancée en 2018, la startup a réussi ce tour de force. Ses deux fondateurs, Nicolas Julia et Adrien Montfort, n’étaient pourtant pas destinés à investir l’univers du gaming : les deux hommes se sont rencontrés chez Stratumn, concepteur de solutions blockchain. C’est là qu’ils identifient « un usage de la blockchain dans l’industrie du jeu » , raconte Nicolas Julia, aujourd’hui CEO de Sorare.
La startup a déjà levé 4 millions d’euros au cours de deux tours de table, respectivement à hauteur de 3,5 millions et 500 000 euros – auprès de e.ventures, avec le soutien de Partech, Fabric Ventures et Semantic Ventures pour le premier et auprès de Kima Ventures pour le second. L’international allemand André Schürrle, champion du monde 2014 avec la Mannschaft était la caution sportive de ce pool d’investisseurs. Une caution sportive, Sorare vient d’en décrocher une deuxième pour étendre sa seed. Et pas des moindres : le défenseur du FC Barcelone Gerard Piqué vient d’investir à son tour un ticket via Kosmos dans une nouvelle opération de 3,5 millions d’euros menée avec Emmanuel Seugé, ancien vice-président de Coca-Cola, à travers son fonds Cassius Family.
Gerard Piqué occupera, par ailleurs, une fonction de conseiller stratégique du conseil d’administration de la startup. « Je vois un énorme potentiel dans le développement de jeux de football en ligne dans une économie numérique où l’attention de l’audience est l’unité monétaire la plus importante » , a-t-il indiqué dans un communiqué. Sorare ambitionne de conclure davantage de partenariats pour recenser plus de 150 clubs. En effet, les acteurs des grandes compétitions demandent une avance sur les royalties à percevoir… et la startup doit donc se doter d’une réserve de cash pour signer « les vingt premières ligues de football ». Après avoir acquis « plus de 50 000 utilisateurs » en 2020, Sorare s’attend à voir ses chiffres « plus que tripler » en 2021.
Des chatons mignons aux très réputés joueurs de foot
Les jeux de cartes à collectionner ont révélé plusieurs grands succès ces dernières années : depuis les albums Panini, les mécaniques se sont complexifiées avec les franchises Pokémon, Magic ou Hearthstone. Chacune a son public, ses aficionados et ses forums pour échanger les items les plus rares. Mais justement, comment garantir l’authenticité d’une carte parfois achetée plusieurs centaines d’euros ? C’est ce que permet l’utilisation de la blockchain. « La technologie permet de créer des biens uniques de collection, des cartes qui sont dans la blockchain. »
D’autres s’y sont essayés, à l’instar des cryptokitties, ces chats mignons à collectionner et « élever » qui ont été parmi les premiers à utiliser la blockchain comme moyen de traçabilité des échanges. Avec un certain succès : les spécimens les plus rares se négocient… des centaines de milliers de dollars ! « C’est comme une œuvre d’art qu’on mettrait sur la blockchain : il est impossible de la copier » , appuie Nicolas Julia, et la rareté se paie.
Les deux entrepreneurs ont donc repris le concept mais l’ont adapté pour coller aux standards d’un des sports les plus populaires au monde, à savoir le football. Sorare encourage donc les joueurs à constituer leur équipe idéale en acquérant les cartes à l’effigie des joueurs qu’ils souhaitent sélectionner.
Mais la fiction rencontre la réalité puisque les performances des joueurs sur le terrain sont étudiées tout au long de l’année et influencent la valeur de leur carte, empruntant les codes du succès des jeux de fantasy football comme Mon Petit Gazon. « Sorare est l’un des rares projets à tirer parti de ce qui est formidable dans la blockchain – des actifs numériques qui se sont avérés rares – tout en faisant abstraction de sa complexité pour le grand public » , loue ainsi Thomas France, cofondateur de Ledger et investisseur de la première heure dans Sorare.
Miser sur les activités annexes des clubs
Le concept a trouvé son public : en un an, Sorare a déjà vendu plus d’un million de dollars de cartes. Un chiffre qui a considérablement augmenté cette année puisque les ventes n’ont cessé de s’accélérer, jusqu’à atteindre 750 000 dollars pour le seul mois de novembre 2020. Le modèle économique, éprouvé, a permis à la startup d’atteindre la rentabilité dès sa première année d’existence. Il faut dire que ce dernier, fondé certes sur les ventes de cartes mais surtout sur les licences signées avec les clubs de football, lui garantit des rentrées d’argent conséquentes.
La startup a signé des partenariats avec plus de 90 clubs dans une cinquantaine de pays, dont certains cadors du football à l’instar du Paris-Saint-Germain (PSG), de la Juventus ou de l’Atletico Madrid. Plusieurs ligues nationales se sont prêtées au jeu, comme les ligues américaines ou coréennes, apportant avec elles les clubs de leurs pays. Sorare a un argument de poids pour les convaincre : comme pour tout produit dérivé, les clubs touchent un pourcentage des ventes de cartes.
« Avec le plafonnement des droits télé et les stades qui peinent à se remplir, les clubs regardent avec intérêt cette nouvelle source de revenus »
Nicolas Julia, cofondateur de Sorare
« Soutenir une société dans l’industrie du jeu vidéo n’est généralement pas simple pour un VC, rappelle malicieusement Boris Golden, directeur des investissements seed de Partech. Mais Sorare n’est pas un simple studio de jeu, c’est une plateforme unique. Les gens aiment jouer, défier leurs amis et gagner. Mais ils ont aussi un appétit inné pour collectionner des objets. Le marché des cartes de sport représente 5,4 milliards de dollars aux États-Unis seulement et plus de 200 millions de personnes jouent aux fantasy sports à l’échelle mondiale. »
De quoi entrevoir les ambitions de la startup à plus long terme. Car le succès éclair de la plateforme a donné beaucoup d’idées à ses fondateurs. D’abord d’enrichir la plateforme avec de nouvelles fonctionnalités, aujourd’hui développées plus ou moins clandestinement par des joueurs passionnés. Mais aussi décliner le concept « dans d’autres sports ou avec des franchises de divertissement, comme n’importe quels produits dérivés » .
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Yalayolo Magazine