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Privilégier le bio et les circuits courts, préserver son microbiote, lutter contre le gaspillage, améliorer la gestion des sols… La liste des enjeux autour de l’agriculture et de notre alimentation ne cesse de s’allonger. Si le phénomène n’est pas récent, il prend de l’ampleur : InnovaFeed annonçait un financement de 140 millions d’euros hier, Ÿnsect a déjà levé plus de 360 millions d’euros, la France accueille des acteurs comme Hari and co et les projets d’agriculture urbaine se multiplient. Cette mutation des modes de production et de consommation doit bien être financée.
C’est exactement le positionnement de la firme Astanor Ventures qui vient d’annoncer la création d’un fonds institutionnel à impact de 275 millions d’euros. Son objectif : financer une vingtaine de solutions innovantes en Europe et en Amérique du Nord qui favorisent la transition vers une agriculture respectueuse de la santé et de la planète.
La technologie au service d’une agriculture plus raisonnée
En poussant l’industrialisation à tout prix, « nous avons réussi à créer un système où l’on vend des calories à bas prix » , analyse Eric Archambeau, cofondateur d’Astanor Ventures avec George Coelho. Mais dans le même temps, « de nouvelles technologies sont apparues, favorisant la connaissance de la biologie des sols, des microbiomes humains. L’IA et les big data sont venues compléter ces solutions » , laissant présager un avenir plus optimiste pour l’agriculture. Lancée en 2017, Astanor Ventures a déjà investi dans une quinzaine de startups comme Ÿnsect et la Ruche qui dit oui en France, respectivement positionnées sur l’alimentation animale et les circuits courts mais aussi Noquo (fromage à base de plantes) ou encore Vivent (technologie au service de l’agriculture).
Conscients de la jeunesse du secteur et de son potentiel de développement, les deux fondateurs ont décidé d’accroître leur puissance d’investissement en créant un fonds institutionnel à impact. L’opération, engagée début 2019, a bénéficié d’un coup d’accélérateur avec la crise. « Le Covid a fait prendre conscience aux investisseurs potentiels de l’importance de la santé métabolique des personnes et du rôle des circuits courts dans notre approvisionnement » , estime Eric Archambeau. « Certains investisseurs ont même décidé de renforcer leur participation initiale » . Si le fondateur préfère passer sous silence le nom de ces fameux LPs, il reconnaît néanmoins compter des family offices, des fonds institutionnels ainsi que des fonds de dotation parmi ses partenaires sur cette opération.
L’impact, une notion galvaudée
Pour sélectionner les pépites dans lesquelles investir, l’équipe d’Astanor Ventures, qui compte une douzaine de membres en Europe, se concentre sur six piliers définis comme tels : le caractère régénérateur de la solution, l’intégrité alimentaire (traçabilité, transparence), l’alimentation durable, la distribution, une culture raisonnée et la conservation (limitation du gaspillage). Au-delà de ces critères de « base », les investisseurs se focalisent surtout sur « l’équipe dirigeante, l’intention qu’elle porte et l’impact réel des produits et des services proposés ».
« Nous analysons d’abord le potentiel d’impact en regardant quelles incidences la solution aura sur son environnement en fonction de son volume de production ainsi que ses effets secondaires potentiels » , confie Eric Archambeau. Les conseillers affiliés à Astanor Ventures, qui regroupent des ingénieurs, des scientifiques ou encore des chefs, sont sollicitées dans cette phase d’analyse. Leur rôle est primordial car aujourd’hui, le terme d’impact est parfois galvaudé. « Certaines structures utilisent le filtre de l’ESG (environnement, social, gouvernance, ndlr) pour parler d’impact mais l’ESG est un étalon de mesure relatif : il permet juste d’indiquer qu’une solution est moins mauvaise mais qu’elle est positive pour la planète et pour la santé » , renchérit l’investisseur.
Investisseur en lead ou en co-lead, Astanor verse des tickets moyens compris entre 1 et 20 millions d’euros dans des startups early stage mais aussi plus avancées. « Le secteur est encore naissant et en pleine structuration », ce qui explique que les séries C et D y soient moins nombreuses.
Une solide connaissance du secteur
Avant de créer Astanor Ventures, Eric Archambeau est d’abord passé par la case entrepreneur en fondant deux entreprises technologiques dans la Silicon Valley, toutes les deux rachetées. Au début des années 2000, il rejoint Benchmark Capital où il investit dans des startups comme Spotify puis Quaia où il découvre l’investissement à impact. Également président d’une association fondée par Jamie Oliver, il découvre petit à petit les problèmes liés à la malnutrition et à la pollution des sols.
De son côté, Georges Coehlo a travaillé dans l’énergie avant de rejoindre, lui aussi, des fonds d’investissement. Les deux associés possèdent ainsi de solides connaissances dans le monde de l’entreprise et l’impact. « Nous ne voulons pas être intrusifs mais nous accompagnons nos startups dans l’élaboration de leur business model et le développement de partenariats » , reconnaît Eric Archambeau. Le fonds s’appuie également sur ses conseillers pour aider les entreprises à se développer, à comprendre les enjeux de la grande distribution et à s’internationaliser. L’expérience est toujours un atout, surtout dans un secteur « encore naissant, qui a besoin de se structurer« , mais pourrait cacher de belles pépites et devrait faire parler de lui grâce à « de nombreux et beaux deals » concluent les investisseurs.
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Yalayolo Magazine