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Comment piloter son activité à distance ? Quels impacts et quelles actions prendre pour sa marque sans perdre les travaux de fond à plus long terme ? Réponses d’Hubert Blanquefort d’Anglards, Directeur de la communication digitale et innovation d’EDF, et administrateur du club des annonceurs.
- Comment EDF fait face à cette crise brutale ?
L’activité d’EDF est une activité stratégique, l’électricité faisant partie des besoins essentiels. Nous avons depuis longtemps des plans de continuité d’activité pour répondre aux crises. Leur activation se fait très rapidement avec des organisations très bien huilées. À l’approche de l’annonce du confinement sanitaire, tous les postes de travail ont été préparés, et très rapidement près de 70 000 personnes ont pu passer en télétravail, avec des connexions à distance, utilisant aussi des outils collaboratifs. Aujourd’hui, la gestion de crise, au siège, coordonne toutes les activités liées au bon fonctionnement des installations industrielles, mais également au suivi de la santé de nos salariés et prestataires, de leur mise en sécurité, à la communication vers les salariés, vers l’externe et les clients. Il y a eu des crises importantes au début des années 2000, dont on peut se souvenir (SRAS , H1N1, tempêtes, canicules) et chez EDF, nous avons adapté et activé nos plans de crises, élaborés à l’époque, à la situation spécifique au COVID-19, avec le confinement à très grande échelle. Une situation totalement hors normes. Au fur et mesure des stades mis en place par les pouvoirs publics, nous avons pu en faire des interprétations adaptées à nos plans de continuité d’activités et de graduer la mise en place d’actions, de télétravail, de consignes, de réduction de personnels au minimum essentiels. Pour donner un exemple, sur une centrale, habituellement il y a 800 personnes qui y travaillent. Actuellement, nous fonctionnons avec environ 200 personnes. Il faut d’ailleurs reconnaitre leur engagement. Ce n’est pas que les autres activités sont inutiles, c’est tout simplement que nous concentrons sur l’activité essentielle, celle de produire et de fournir l’électricité dont le pays a besoin, et décalons celles qui peuvent attendre. Cette culture de gestion de crise, dans notre ADN, nous permet de pouvoir gérer nos activités avec des perspectives à la fois sur l’urgence mais aussi sur le moyen et le plus long terme.
- Quels sont les défis internes et comment sont-ils abordés ?
Nous n’avons pas attendu le stade de pandémie pour faire un certain nombre de choses. Nous avons préparé les équipes, nous avons vérifié leurs connexions et nous avons recommandé aux salariés de télécharger l’application de notre intranet sur leurs téléphones professionnels mais aussi personnels pour ceux qui ne l’avaient pas. Cela a permis aux personnes n’ayant pas forcément de bonne connexion internet à domicile d’avoir accès à toutes les informations en temps réel sur la situation de l’entreprise. L’accompagnement et les moyens mis à leur disposition (espace d’information tutoriels…) sont clés. Nous avons capitalisé sur les outils existants, déjà installés dans les usages. L’entreprise est déjà très » numérique » grâce à des investissements importants dans le domaine ces dernières années. L’information aux » salariés » est également essentielle, et chez EDF elle est extrêmement efficace : elle est fiable, organisée, fréquente, fluide et facilement diffusable sur tous les canaux de contacts avec l’interne. Cela passe par différents outils de communication interne, comme notre intranet-social très performant (130 000 personnes sont connectées tous les jours), qui permet de transmettre une information nourrie directement par la cellule de crise, d’apporter les éclairages aux mesures qui ont été prises, des kits managériaux etc. Encore une fois l’accès à cette information est clé.
Par ailleurs, nous avons mis en place une cellule d’écoute avec la médecine du travail, qui est à disposition de tous nos salariés qui éprouvent des difficultés, du stress, de l’anxiété face à au virus.
Sur mon périmètre direct, j’accompagne mes équipes le plus possible sur leurs activités, mais aussi sur leurs problématiques plus générales, en les aidant par exemple à réorganiser les priorités. Nous avons par ailleurs des réunions de l’équipe des managers sur Teams tous les jours. Même si cela ne dure que 10 minutes, un quart d’heure, c’est important de se parler, d’être là. Je peux ainsi partager les informations principales qui émanent de la cellule de crise. J’ai également des Codir avec la Direction de la Communication tous les deux jours. La fluidité de l’information est essentielle. On garde une certaine fréquence aussi pour garder le lien et l’esprit d’équipe. C’est très important. La dimension humaine devient essentielle. L’avenir nous le dira, mais il est probable que les relations entre les personnes seront changées positivement. On aura traversé cette période ensemble.
- Quels sont les impacts sur la communication digitale et l’innovation de la marque EDF ?
Aujourd’hui, nous devons réorienter les priorités, gérer les décalages de projets. Évidemment le plan de communication que nous avions imaginé il y a quelque temps est perturbé. Il est important de ne pas être en décalage avec les attentes et la situation en général. Nous mettons tout le poids du corps sur les choses plus essentielles, comme le soutien à certaines catégories de publics. Nous sommes attendus sur notre engagement dans la continuité de service pour les ceux qui en ont un besoin vital comme les hôpitaux, la distribution, mais plus généralement les clients et le pays. À nous de le faire savoir en nous mettant au second plan, par exemple en mettant en valeur des salariés qui continuent à faire » tourner la machine » malgré tout. Être authentique et avec la bonne tonalité est essentiel en cette période de tensions. Par ailleurs cette période nous permet d’avancer sur beaucoup de sujets de fond et en préparation de ce qui suivra la crise.
Beaucoup de projets sont maintenus, comme notre programme de prix startup EDF Pulse par exemple qui suit son cours. C’est la médiatisation ou l’événementialisation qui sont potentiellement reportées. Sur la communication digitale et les réseaux sociaux, l’activité se poursuit bien entendu avec des prises de paroles peut être plus contextualisées du top management. Il est important d’incarner la parole vis-à-vis des publics internes mais aussi externes. Nos stratégies éditoriales sont réajustées. On ne doit parler pour parler. Grâce au LiveHub, notre espace conversationnel, et à la veille approfondie que nous avons mise en place depuis plus d’un an, nous sommes en prise directe avec les audiences pour suivre ce qu’il se passe et ce qui se dit sur l’entreprise. »
- Et pour finir, quelles tendances semblent se dessiner ?
Je pense qu’il y a sans doute un nombre de choses qui seront différentes dans l’organisation du travail comme notre capacité à travailler en collaboratif, à distance et à grande échelle. En effet comme la période de confinement et de contraintes relativement longue, cela va certainement s’ancrer dans les usages. Cela va donner lieu à des changements d’état d’esprit qui rentreront davantage dans nos moeurs. C’est plutôt une bonne chose sur ces aspects, il n’y a pas que du négatif. À l’interne, cela va nous faire prendre conscience de la transformation numérique qui a été opérée depuis plusieurs années est une réalité dont certains n’avaient pas forcément conscience.
C’est rassurant de savoir qu’en France, grâce à la résilience d’entreprises comme EDF, qui ont de grandes capacités industrielles, des savoir-faire uniques, on arrive à poursuivre l’activité de fourniture d’un bien vital pour tous. Cela donne encore plus de force à la raison d’être de notre entreprise, cela renforce la fierté d’appartenance et la confiance vis-à-vis du pays.
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