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C’est l’un des secteurs les plus touchés et dans lequel les startups auront probablement le plus de mal à survivre. Le secteur du tourisme a pris la crise liée au coronavirus de plein fouet, doublement affecté par le confinement d’abord puis par la fermeture des frontières et enfin par la distanciation sociale qui rend les trajets comme les séjours particulièrement compliqués à organiser. Et pourtant, au milieu de ce marasme économique, certaines startups parviennent à tirer leur épingle du jeu. Rien que cette semaine, Explora Project et Mobee Travel ont toutes deux annoncé des tours de table, respectivement de 1,7 et 1,1 million d’euros. Impossible n’est donc pas touristique !
« Nous avons été pas mal actifs sur ce segment depuis le début de l’année » , confirme Jeanne Cluset, venture capital analyst chez Kima Ventures, qui a participé au tour de table d’Explora Project. Tous les deals amorcés avant la crise ont été menés à terme, malgré la conjoncture. « La période a été difficile, ça a été une catastrophe pour tous les acteurs du secteur. Mais la crise a aussi confirmé quelques tendances qui se dessinaient déjà auparavant. »
Voyager autrement
Dans son dernier carnet de tendances, publié à l’automne dernier, le Welcome City Lab en définissait cinq : l’accessibilité, l’éthique des données, le smart hôtel, le tourisme d’aventure et l’engagement des citoyens, notamment sur le plan écologique. Des segments qui se sont révélés porteurs, même pendant la crise, comme le laissent entrevoir les levées de fonds annoncées et les intérêts des investisseurs. Mobee Travel confirme ainsi que l’accessibilité peut devenir un marché à part entière pour l’industrie touristique.
« On note deux grandes tendances : le fait de voyager de façon plus responsable et le voyage par l’expérience » , ajoute Jeanne Cluset. Deux assertions qui expliquent l’engouement pour Explora Project, qui organise des expéditions guidées en Europe, à impact carbone limité, afin de permettre aux apprentis aventuriers comme aux baroudeurs convertis de se reconnecter avec la nature. « Les entrepreneurs sont conscients qu’il faut permettre aux voyageurs de changer leurs habitudes à leur échelle pour avoir un impact sur le climat. Préférer le train plutôt que l’avion, cela réduit l’espace géographique et affecte donc l’endroit où ils vont partir en vacances » , rappelle l’investisseure. Aux startups donc de s’adapter, à l’image de CozyCozy qui a proposé à ses utilisateurs et utilisatrices un comparateur d’hébergements de vacances spécialement configuré pour coller à la grande tendance de cet été : les vacances en France !
Le renouveau du tourisme
Cette nouvelle vague de jeunes startups touristiques profite du défrichage qu’ont opéré les pionniers du secteur, comme Evaneos. « Mais aujourd’hui, il faut détruire ce qui a déjà été fait pour aller davantage dans la granularité et la personnalisation, soutient Jeanne Cluset. Les startups qui s’en sortiront sont celles qui proposent ce qui n’existe sur aucun tour opérateur, qui designent leurs propres expériences et qui emmènent les touristes dans des zones encore peu ou pas explorées. » À ce titre, la crise fait office de page blanche et permet aux jeunes pousses d’identifier de nouvelles opportunités.
Certaines en ont d’ailleurs profité pour pivoter provisoirement et compléter leurs offres. Le comparateur de vols Ulysse a opportunément publié une liste des destinations sans danger ; Weekendr a renforcé son offre de weekends en France, afin de répondre à la demande dans les mois à venir. Les quinze startups composant la dernière promotion de l’Open Tourisme Lab de Nîmes, ont elles aussi « mixé une stratégie de protection/défense et une stratégie de relance/renouveau, explique Géraldine Mauduit, responsable des startups au sein de l’incubateur. Leur activité initiale aux indicateurs très prometteurs s’est parfois arrêtée net, mais le propre des startups est d’avoir pu pivoter » . C’est là d’ailleurs tout le paradoxe de ces très jeunes entreprises : elles encaissent la crise de plein fouet, leur modèle économique étant bien souvent encore fragile mais leur agilité leur permet d’être d’autant plus résilientes.
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