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RSE, ESG, ISR et maintenant « impact », tant de mots pour incarner l’injonction collective de tendre vers le rayonnement positif de toutes les activités de l’homme sur le monde. Parmi ce magma de bonnes intentions, de propositions, d’initiatives et de réelles avancées, l’Economie Sociale et Solidaire se distingue par son statut atypique et ses missions. Souvent perçus comme des objets économiques non identifiés au fonctionnement peu efficace, les acteurs de l’ESS sont victimes de la méconnaissance générale quant à leur rôle dans l’économie. Pourtant, de plus en plus d’acteurs du privé s’intéressent à cet univers et crédibilisent ses structures, leur permettant de faire aboutir des projets ambitieux pour leur écosystème local. Pourquoi ?
Un peu d’histoire
L’économie sociale et solidaire résulte d’une convergence de plusieurs courants de pensée. A sa création, il y a plus de 150 ans, on ne parle alors que d’économie sociale. Dans son ouvrage consacré au sujet[1], Timothée Duverger explique qu’« elle se forme d’abord dans les milieux artisanaux urbains, coutumiers des solidarités corporatives, avant de s’étendre au prolétariat dans le dernier tiers du XIXème siècle ». Dans un contexte de rejet des violences liées au capitalisme grandissant envers les populations alors non protégées par nos droits sociaux actuels, les réformateurs progressistes de l’époque recherchent une nouvelle façon de produire et de consommer. Ils se regroupent donc en collectifs avec l’idée d’unir leur influence et moyens de production, le tout en adoptant une organisation démocratique : une personne = un vote. C’est de cette définition que naissent les coopératives, les mutuelles puis les associations en 1901. Pendant longtemps, l’économie sociale se limite à ces trois familles de structures, particulièrement actives dans les domaines de la santé, de la culture, de l’éducation, de l’agriculture entre autres.
Ce n’est qu’à la fin du XXème siècle que le mot « solidaire » vient se greffer aux deux premiers, alors même que le chômage de masse, la globalisation des échanges et les écueils de la surproduction font émerger les tendances alternatives comme le commerce équitable, les circuits courts ou l’altermondialisme.
Il faudra attendre la loi du 31 juillet 2014 pour que l’ESS s’ouvre aux entreprises privées grâce à une définition dite « inclusive » qui n’est plus basée sur le seul statut mais sur un faisceau de principes de développement économique définissant une autre manière d’entreprendre collectivement. Cette nouvelle définition permet à des entreprises commerciales qui développent des activités d’utilité sociale, et qui respectent les principes fondateurs du secteur, d’entrer dans le champ de l’ESS. Malgré cela, des nombreuses idées reçues persistent.
L’ESS aujourd’hui
L’acronyme ESS recèle d’une multitude de types d’organisations différentes. De l’association sportive de quartier, aux grands groupes mutualistes, tout en passant par les biocops, Emmaüs ou le groupe Up (anciennement Chèque Déjeuner), un des leaders de son marché, toutes font partie de l’ESS. Cette disparité de taille, d’objectifs et de rentabilité participe certainement au flou les entourant, leur seul vrai point commun étant qu’elles sont fondées sur le principe de solidarité et d’utilité sociale.
Longtemps, et encore souvent aujourd’hui, un lieu commun veut que les entreprises de l’ESS soient mal gérées, laxistes et non rentables. Soucieuses de vaincre ces clichés, elles tentent de plus en plus d’allier impact environnemental et social positif à la performance économique. Cette dynamique est d’autant plus marquée que cette manière de concevoir l’entreprise attire de plus en plus la nouvelle génération qui veut imaginer le monde autrement. Dans les faits, et comme n’importe quelle entreprise, elles ont des employés, des organes de décisions et une organisation interne qui doivent se mobiliser pour fournir des services ou produire des biens. Les premières success stories, telles que les écoles Simplon, participent à faire évoluer les mentalités, de sorte qu’aujourd’hui, l’ESS suscite l’engouement des politiques et des investisseurs privés.
Une des priorités du politique
Avec plus de 200 000 établissements employeurs et 14% de l’emploi salarié français, l’ESS devient un acteur clé de l’économie du territoire en favorisant notamment l’emploi local et l’insertion sociale. Entre 2010 et 2018, l’ESS a été à l’origine de la création de 70 000 emplois. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle devienne une des priorités de la politique du gouvernement, à tel point qu’un Haut Commissaire à l’ESS a été nommé en 2017 pour gérer une enveloppe d’un milliard d’euros sur 5 ans, avec comme objectif global d’aider les entreprises de l’ESS sur le terrain et de réduire les freins réglementaires pesant encore sur une économie majoritairement bénévole. A y regarder de plus près, il est d’ailleurs assez intéressant de constater que nombre de thématiques dans l’ESS, tels que le chômage, la désertification des territoires, la transition énergétique, l’insertion sociale, répondent à des problèmes à la frontière de l’action publique. L’Etat a donc tout intérêt à soutenir le mouvement.
De leur côté, les investisseurs privés sont de plus en plus à la manœuvre pour accélérer les initiatives dans le domaine. Que ce soit directement ou à travers des fonds d’investissement, les grands institutionnels sont passés du discourt à la pratique en multipliant leurs investissements dit « d’impact » et ainsi financer des projets issus de l’ESS. Il aura fallu plus d’un siècle passé à opposer économie sociale et économie traditionnelle pour enfin réaliser qu’il est possible de concilier impact positif et un certain degré de rentabilité financière, le tout au service de projets ambitieux pour les territoires et leurs populations. La crise sanitaire et ses répercussions sociales sans doute profondes renforcent ce sentiment qu’il est urgent de promouvoir les initiatives qui visent à accompagner et accélérer le mouvement de mutation sociétal que nous devons opérer dans la prochaine décennie.
[1] Timothée Duverger, l’Economie Sociale et solidaire, Ed. Le Bord de l’eau, 2016.
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