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“Ce qui parle beaucoup aux entreprises, c’est que nous avons des challenges similaires aux leurs. Ça nous aligne beaucoup en termes d’intérêts”, débutent Albizzati et Elina Berrebi, à l’origine du fonds d’investissement Gaia Capital Partners. Il faut dire que ce dernier a des airs de startup. Créée à l’été 2018 par Alice Albizzati et Elina Berrebi, la structure est en train de lever un premier fonds de 200 millions d’euros, nommé Gaia Growth I.
Sur le total, cent ont déjà été réunis pour le moment, grâce à une soixantaine d’investisseurs, dont quatre institutionnels.
“On est un peu comme une startup, on crante les réalisations au fil de l’eau”, illustrent les deux founding partners.
Une de ces premières réalisations a été l’investissement de 10 millions d’euros dans Welcome to the Jungle en octobre 2019. “Nous avons eu 200 opportunités d’investissement au cours de l’année”, fait valoir Alice Albizzati, “les trois quarts venus d’appels entrants”. L’objectif étant à l’avenir “plus de travail pro-actif” de la part de Gaia Capital Partners sur la recherche des futurs champions à financer.
Trois ou quatre investissements par an dans le growth
Une trentaine de sociétés ont été étudiées de manière plus approfondie et “trois dossiers sont bien avancés”, assurent les deux partners. Ce qui correspondrait au “rythme de croisière” visé par la structure, avec trois ou quatre investissements par an dans le growth.
L’aventure Gaia Capital Partners est en effet partie d’un constat : il y a beaucoup de nouveaux fonds, mais peu se consacrent au growth. “Il y a une prise de conscience, ces cinq-six dernières années, d’un marché extrêmement dynamique en Europe, là où le marché américain est plus mature”, expose Elina Berrebi.
Les cofondatrices, qui se connaissent depuis les bancs de « Polytech », ont toutes les deux une expérience solide dans le domaine du growth : Alice Albizzati pour Verlinvest à New York, sa collègue au sein d’Eurazeo. “On avait toutes les deux la fibre entrepreneuriale, on s’est dit qu’on allait voir si on pouvait lever un fonds à un moment où il y avait de l’espace dans le growth”, poursuit Elina Berrebi.
Connecter le coté au non-coté
Avec Gaia Capital Partners, elles offrent donc le regard d’un investisseur à valeur ajoutée, avec les ressources et le réseau pour des scalups en Europe et aux Etats-Unis. Les deux femmes ambitionnent aussi de “désiloter” le secteur de l’investissement, en connectant le private equity aux entreprises cotées. “Cela a permis de créer des géants aux Etats-Unis”, constatent-elles, sans que la pratique soit courante de ce côté-ci de l’Atlantique.
Le but est de créer des “partenariats forts” entre les startups, où est souvent concentrée la R&D, et les sociétés en bourse. C’est d’ailleurs l’approche qu’elles ont choisie en étant sponsorisées par Sycomore Asset Management, spécialisé dans l’investissement dans les entreprises cotées.
Pour être choisi·e par Gaia Capital Partners, il faut montrer patte blanche : un chiffre d’affaires excédant cinq millions d’euros, avoir déjà commencé leur internationalisation (dans un ou deux pays) et employer une centaine de salarié·e·s. “Des belles PME en hyper-croissance”, résument ses founding partners. Le fonds compte se positionner sur des séries B ou C, avec un ticket moyen de 10 à 20 millions d’euros.
Mais si Alice Albizzati et Elina Berrebi s’appuient sur leur expérience au sein de structures reconnues, ce n’est pas pour autant qu’elle veulent “reproduire ce qu’elles ont vu, en termes de mixité, de diversité, de background”. Et c’est là l’ADN-même de Gaia : l’investissement “responsable” dans “les champions européens et mondiaux de demain”.
Des entreprises respectueuses de la société et de l’environnement
“Nous nous concentrons sur les sociétés qui aujourd’hui intègrent les problématiques sociétales et environnementales dans leurs business models ou leurs pratiques de gouvernance”, assure Alice Albizzati. Des critères extra-financiers qui passent notamment par une analyse des paramètres Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). L’équipe du fonds dispose notamment d’une grille de 80 critères, de l’empreinte carbone à l’équilibre de la gouvernance en passant par la rétention des salarié·e·s.
Les cofondatrices se veulent pourtant encourageantes : “Les entreprises sont plutôt jeunes, donc si tout n’est jamais parfait, c’est aussi un super moment pour mettre en place les bonnes pratiques.”
Et ces critères, elles les appliquent aussi à leur propre structure. Si Elina Berrebi et Alice Abizzati saluent le fait d’avoir eu des rôles modèles féminins dans leur carrière, notamment au sein du Fonds stratégique d’investissement, elles reconnaissent aussi dans la création de Gaia Capital Partners “avoir voulu éviter la fatalité du plafond de verre”.
“La diversité des profils permet d’optimiser la prise de décision”
“Notre métier, c’est de la prise de décision. Or, la diversité des profils permet d’optimiser la qualité de la prise de décision”, expose Elina Berrebi.
“Les problèmes de mixité et de diversité dépendent beaucoup de la paresse des recruteurs. Quand on cherche un deal, un client, si on cherche, les femmes existent. C’est un biais : si c’est volontaire, c’est de la misogynie, si c’est inconscient, il faut le savoir et le combattre”, martèle Elina Berrebi.
Même si, reconnaît-elle, “l’origine sociale ne se voit pas forcément sur un CV” et qu’il faut “essayer de lire entre les lignes, subtilement, avec de bonnes intentions”. De bonnes intentions qui ont en tout cas été saluées le 28 novembre dernier : Alice Albizzati et Elina Berrebi ont reçu le trophée “Coup de coeur” des Grands prix des jeunes talents féminins, organisés par France Invest.
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